La chute

Aujourd’hui ça ne va pas. Je n’arrive plus a gérer, je suis ralentie au possible. J’hésite à aller a l’ hôpital.

J’ai envie de me justifier, de leur faire comprendre ce que c’est, mais je ne peux pas me permettre de devenir un objet de cirque, je dois continuer à cacher la maladie. Je ne veux pas passer de ‘ elle est bizarre’ à ‘ ha oui, c’est normal elle est folle.’

Puis monsieur n’aime pas vraiment que je me lamente, faut que je reste forte. Faut dire c’est normal, le négatif n’est agréable à supporter pour personne.

Faire du mieux que je peux pour cacher la maladie, un quotidien.

Je pourrais me pendre, je ne veux plus me sentir rejetée de tous les côtés.
Mais quand on est maman ce n’est pas une option. Quand on est maman on doit assurer.

Respirer un bon coup, faire un grand sourire plein de dents, et c’est reparti..

L’empathie

Il parait que je n’ai pas d’empathie. « Ça ne t’aide pas dans tes relations sociales ».
« C’est sûrement la maladie, ça te vire ton empathie »

Oui mais non, c’est un raccourci un peu trop facile. La maladie a un effet indirect dessus, je m’explique :

Lorsque j’entends les soucis tellement surfaits, aux solutions accessibles, des gens qui ont la plainte facile, ça me passe au dessus. Car quand il existe une solution, il n’y a pas de vrai problème.

Je crois que quand on vit avec la schizophrénie, on doit tellement se pousser vers le haut et tout relativiser, tout le temps, pour s’empêcher de couler et sombrer dans la déprime, que finalement les petits soucis pas bien graves de monsieur tout le monde ils nous passent au dessus !

Mais on préfère dire que la schizophrénie affecte mon empathie, en me pointant du doigt comme un monstre potentiellement sanguinaire.

 

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Recevoir des gens, cette galère

S’il y a bien quelque chose de compliqué à gérer c’est recevoir de la visite.
Dans le cas présent, vu que je n’ai pas d’amis, il s’agit des amis du compagnon.
La règle à suivre est simple : se concentrer pour (faire mine de) suivre la conversation et ne pas attirer l’attention sur soi. 

Pour cela je dois utiliser toutes les ressources possibles, j essaie de boire du café avant le moment fatidique, au cas où ça aiderait à rester sur terre. Puis je me répète sans cesse « écoute les, écoute les, on te parle, écoute les » en faisant abstraction de toutes les joyeusetés qui se passent dans ma tête et devant mes yeux.

Après coup je suis épuisée, physiquement et nerveusement. J’ai même parfois les larmes aux yeux tellement cela a été pénible. Et puis , recta, les symptômes empirent car on le connait bien hein, ce cercle vicieux du stress qui augmente les symptômes qui augmentent le stress.