Pourquoi ce blog ?

On m’a dit « putain c’est calimero ton blog ». J’ai buggé.

Quand j’ai commencé ce blog à dessins, je le voulais ludique et didactique.
Je voulais présenter le quotidien de la maladie sous forme amusante, ou on va dire pas trop déprimante. Car tout est une question de point de vue. Surtout quand on a un humour pourri.

J’ai hésité longuement avant de le metre en ligne. Je vous imaginais tous rire de moi, en me traitant de cas social et vous rassurant « hihi heureusement que je n’ai pas ça, moi ».
Je me voyais deja devenir la risée du web. La cible gratuite. Mais j’ai continué en me disant qu’il y aura peut etre des familles à qui ce blog servira. Et si je m’avère utile pour UNE seule personne, et bien j’aurai déjà atteint mon but.

En dessinant je me suis vite rendue compte qu’il n y a pas vraiment moyen d’enjoliver le bazar. Sauf en mettant un joli fond rose dans les cases. Ben ouais, la schizophrénie c’est une crasse.

Soit je reste vraie et je montre mon ressenti et tout ce que la maladie implique. Soit je donne une image tronquée, censurée et filtrée pour que ça passe mieux auprès des gens bien propres sur eux. Mais ce serait mentir sur toute la ligne et ça n’aurait plus aucun sens.

Le but n’est pas d’inspirer la pitié ou de chouiner mais de montrer ma vie de schizophrène à qui ça intéresse. Tant pis si on trouve ça déprimant. Ce serait d’ailleurs complètement con d’espérer trouver ça joyeux, en fait.
Je veux montrer aussi aux autres malades que vivre « bien » avec la maladie ça peut être possible. Ce n’est pas parce qu’on est malade que c’est cuit. L’erreur est de voir ça tout blanc ou tout noir sans prendre en compte les niveaux de gris.

Je ne sais pas vers quoi je me dirige, je sais juste que ça m’occupe et que c’est donc bon à prendre.

Voili voilou !

Et comme le dirait Perceval,
giphy

L’avenir brillant.

Je suis dépitée par tous ces articles et discours qui prônent que 30 ou 40 ou 50 ans (au choix), « c’est le bel âge », en avançant cet argument intemporel « Vous avez une plus grande aisance financière grâce à l’évolution de votre carrière, vous avez l’argent et l’autonomie pour voyager et, de temps en temps, vous faire un beau cadeau.. car maintenant vous êtes adultes et vous en profitez ! ».

Et après, un beau jour, on nous sort « c’est fou, ils vivent vraiment en marge de la société les schizophrènes. C’est de la mauvaise volonté ».

Non, Einstein, c’est de la survie pour ne pas être profondement triste.

 

PS : Rappelez-moi de changer de psychiatre.

 

Mes journées

On ne me demande jamais comment je vais ou comment se sont passées mes journées. C’est la technique de l’autruche.
C’est comme ça, ça évite d’etre confronté à un récit embarrassant ou d’être mal à l’aise.

De mon côté je trouve que ça me disqualifie dans les relations sociales, je suis une personne à qui on ne demande même plus comment elle va. Je me sens moins exister qu’une autre. Moins importante, moins vivante.

Au final, j’ai eu tellement à dire que j’ai créé ce blog. Ici je peux faire sortir ce que je garde à l’intérieur.
Voici donc le résultat en images !

Mais rassurez-vous, cette maladie fluctue et ce n’est pas tous les jours comme ça.

 

La désocialisation

Le psychiatre m’a dit qu’il faut s’intéresser au monde, à la modernité, aux choses dans le vent, pour être + dans le réel, pour avoir matière à dialoguer et se sentir moins marginalisé.
Il faut donc que je fréquente des gens et que je vois « comment on vit » pour tout réapprendre, et me réadapter socialement. Du moins, c’est sa théorie.

Bon, intercepter des inconnus dans la rue et leur dire « dites moi comment vous vivez, et aussi ce qui est à la page, ce serait bien aimable » j’le sens moyen.

Si vous avez lu mes autres articles vous comprendez vite que c’est délicat : trop de stress et je m’enfonce. Donc toutes les activités de groupe et les clubs, ce n’est pas pour le moment, mais ça reste un goal à atteindre.

Sinon, reste la solution hosto.
Aller en hôpital de jour pendant 1 mois mais ça ne me botte pas. Puis il y’a tjs ce moment où on te demande pourquoi t’es là et quand tu donnes ta maladie on te regarde en disant ‘..ha putain quand même…’ et d’un coup l’air devient glacial et tu te chopes une bronchite et le clan des dépressifs te fait comprendre que t’es différente et qu’on aime pas trop les gens comme toi par ici.

Vous savez, la schizophrénie a une sale image en dehors de l’hôpital mais en dedans aussi, faut le dire. il y a une hiérarchie même en hôpital psy. Oui oui. Et les schizophrènes c’est évidemment la crasse.

Au final, comme solution j’ai trouvé le web. Les blogs, même si c’est surfait et bidon, restent une solution temporaire pour garder un pseudo-contact avec le monde.
Pour d’autres solutions, ça se fera sûrement naturellement. Pour le moment rien que ce blog c’est déjà ça de pris 🙂