Les voix #1 Ou quand Boris ramène la pipelette.

Certains malades entendent des voix. Mais pas tous ! Il ne faut pas généraliser.
Chez moi c’est par période. Il paraîtrait que ce sont nos propres pensées qu’on entend mais que le cerveau bug et les transforme en voix ou bruit de fond continu.

A priori, ça ne m’empêche pas de vivre. Ça m’empêche d’apprécier un film par contre. Vous vous imaginez, vous, au ciné avec 3 personnes qui s’engueulent juste derrière pendant toute la projection? Ben c’est exactement ça. Seulement je ne peux pas changer de siège. Perdu.

Ce qui m’ennuie beaucoup, c’est quand ce sont des voix de gens que je connais, en particulier celles de personnes qui m’ont beaucoup rejetée ou blessée. Je m’en passerais volontiers.
Un peu comme un mauvais souvenir qu’on se repasse en boucle, toute la journée, mais dont les propos sont constamment modifiés.

En ce moment Boris a ramené un fantôme du passé. Une nana qui avait été affreusement antipathique envers moi y’a …..15 ans. ( Boris est rancunier.) Une parmi tant d’autres me direz-vous, mais c’est elle qui revient en ce moment.

La caractéristique de cette voix est de parler très vite, en boucle. Je l’avais eue tout un temps il y a 4 ans et là, c’est revenu, comme c’était parti.

Imaginez votre pire ennemi, votre ex, votre ancien meilleur ami qui vous a fait un coup de p***e, bref, quelqu’un de pas sympa envers vous. Imaginez que la première chose que vous entendiez le matin, même avant d’ouvrir les yeux, soit ses insultes. Et ce, toute la journée, jusqu’à ce que la dernière voix que vous entendiez avant de dormir soit tjs la sienne.

Ça vend du rêve pas vrai?

Ce qui est malsain, c’est que cette lobotomie cultive mon mépris et ma rancoeur envers cette personne que je n’ai plus vue depuis une décennie. Comme s’il n’était pas temps de passer à autre chose !
Mais vous savez, n’importe qui, au bout d’un moment, va commencer à intégrer ce qu’il entend H24 contre son gré ( vous avez déja lu/vu orange mécanique ? ).

Résultat ? Et bien cette cousine, je recommence à la détester. Je lui souhaite de tomber dans une flaque de boue, de se faire voler son iphone, et, au passage, de devenir schizophrène pour que sa vie professionnelle et sa stabilité soient fichues. Oui, rien que ça.

Que je la haïsse ne change pas grand chose pour elle, je ne la vois plus, mais à présent vous pouvez constater, à nouveau,  pourquoi il ne faut pas être trop dur en parlant à une personne souffrant de schizophrénie.
A coté de l’aggravation des symptômes, les propos négatifs qu’on entend un jour peuvent continuer de nous lacérer des mois voire des années durant. Au point d’en être, inévitablement, malade.

Et donc je suis à nouveau très mal dans ma peau, plus bas que terre, écrasée et je suffoque dans mon infériorité. MERCI BORIS, VRAIMENT. Et toi c****sse : TA GUEULE.

..Et pendant ce temps sur internet ‘oh t’entends des voix? Wah trop fort!’.

 

La Boris party.

Mon état général décline à force de toujours puiser dans des forces que je n’ai pas. Je m’enfonce. Résultat : Hallus, voix, angoisses et plante-attitude.

Ce qui me crève c’est que mon entourage ne prenne pas en compte mon état de santé et attende de moi que je réagisse « normalement » face aux efforts à faire dans la vie de tous les jours.

Vue de l’extérieur, comme j’ai toujours mes deux jambes et mes deux bras, on ne me prend pas au sérieux lorsque j’avoue mes difficultés.
D’ailleurs, la carte de la paresse est souvent utilisée pour les désigner. C’est la malédiction des maladies mentales. Ce que les gens ne voient pas n’existe donc pas.

S’il y a une personne souffrant de schizophrénie dans votre entourage, ne soyez pas trop durs avec elle, vraiment. On a l’énergie d’une personne de 92 ans..

Bref, Boris (alias ma schizophrénie) s’éclate, j’espère remonter la pente, avoir du répit, mais je n’ai pas encore trouvé comment.

 

 

Comment être heureux

Je ne peux ni travailler, ni conduire, ni regarder un film entier, ni lire une seule page d’un livre. Je suis désorientée : je me perds si je sors de chez moi. Donc je reste enfermée, depuis des années. Je suis toujours dans la lune. Puis je suis désocialisée et un peu paranoïaque.
Certains malades ont une vie active, une assoc’, voire même un boulot. Je n’en fais pas partie. »

..

Pour beaucoup d’entre vous ce 1er paragraphe aura semblé sans issue et glacial. Dépourvu de toute possibilité de bonheur. Pas vrai ?

Et bien vous savez quoi ? Je suis heureuse! (Si si j’vous assure!)

Pourquoi?? Comment!?

Et bien c’est simplement une façon de voir les choses :
Ma santé physique est bonne. Deux bras deux jambes le compte est bon !
Matériellement je n’ai pas besoin de +. Un lit une baignoire une tablette un canapé.
Si j’ai besoin de m’exprimer ? J’écris sur ce blog.
Je fais de la photo et combine des loisirs créatifs, à mon rythme, pour accomplir des choses. Puis il y’a le café et les bains, que j’adore, mes amours !

 

Parce que je suis positive et que je prends soi de moi, j’ai un compagnon et un enfant (La plus merveilleuse des petites filles d’ailleurs !)
Sans cette positive attitude je n’aurais pas eu cette chance.

Bien que ma vie soit souvent très difficile, je reste positive. J’ai toujours de quoi manger, j’ai bien chaud à l’intérieur quand il fait froid dehors. Je sens bon la vanille et mes draps sentent bon le propre. Ha oui, ce qui sent bon me rend heureuse, j’avais oublié de le lister.

Boris je m’y suis habituée, il sera toujours là. Même s’il peut se montrer parfois envahissant, il ne m’obnubile pas. Ne penser QUE maladie ferme les petites portes vers l’extérieur.

Haut les coeurs les amis! Car la vie n’est qu’une farce, parfois bonne, parfois mauvaise, le tout est simplement de s’occuper, jour après jour, sans se poser trop de questions.
Regarder dans son assiette (au sens propre et figuré) et prendre appui sur les petites choses simples qui contribuent à notre confort. Ça va aller, vous allez gérer, foi de Bouclette.