Pourquoi ce blog ?

On m’a dit « putain c’est calimero ton blog ». J’ai buggé.

Quand j’ai commencé ce blog à dessins, je le voulais ludique et didactique.
Je voulais présenter le quotidien de la maladie sous forme amusante, ou on va dire pas trop déprimante. Car tout est une question de point de vue. Surtout quand on a un humour pourri.

J’ai hésité longuement avant de le metre en ligne. Je vous imaginais tous rire de moi, en me traitant de cas social et vous rassurant « hihi heureusement que je n’ai pas ça, moi ».
Je me voyais deja devenir la risée du web. La cible gratuite. Mais j’ai continué en me disant qu’il y aura peut etre des familles à qui ce blog servira. Et si je m’avère utile pour UNE seule personne, et bien j’aurai déjà atteint mon but.

En dessinant je me suis vite rendue compte qu’il n y a pas vraiment moyen d’enjoliver le bazar. Sauf en mettant un joli fond rose dans les cases. Ben ouais, la schizophrénie c’est une crasse.

Soit je reste vraie et je montre mon ressenti et tout ce que la maladie implique. Soit je donne une image tronquée, censurée et filtrée pour que ça passe mieux auprès des gens bien propres sur eux. Mais ce serait mentir sur toute la ligne et ça n’aurait plus aucun sens.

Le but n’est pas d’inspirer la pitié ou de chouiner mais de montrer ma vie de schizophrène à qui ça intéresse. Tant pis si on trouve ça déprimant. Ce serait d’ailleurs complètement con d’espérer trouver ça joyeux, en fait.
Je veux montrer aussi aux autres malades que vivre « bien » avec la maladie ça peut être possible. Ce n’est pas parce qu’on est malade que c’est cuit. L’erreur est de voir ça tout blanc ou tout noir sans prendre en compte les niveaux de gris.

Je ne sais pas vers quoi je me dirige, je sais juste que ça m’occupe et que c’est donc bon à prendre.

Voili voilou !

Et comme le dirait Perceval,
giphy

La désocialisation

Le psychiatre m’a dit qu’il faut s’intéresser au monde, à la modernité, aux choses dans le vent, pour être + dans le réel, pour avoir matière à dialoguer et se sentir moins marginalisé.
Il faut donc que je fréquente des gens et que je vois « comment on vit » pour tout réapprendre, et me réadapter socialement. Du moins, c’est sa théorie.

Bon, intercepter des inconnus dans la rue et leur dire « dites moi comment vous vivez, et aussi ce qui est à la page, ce serait bien aimable » j’le sens moyen.

Si vous avez lu mes autres articles vous comprendez vite que c’est délicat : trop de stress et je m’enfonce. Donc toutes les activités de groupe et les clubs, ce n’est pas pour le moment, mais ça reste un goal à atteindre.

Sinon, reste la solution hosto.
Aller en hôpital de jour pendant 1 mois mais ça ne me botte pas. Puis il y’a tjs ce moment où on te demande pourquoi t’es là et quand tu donnes ta maladie on te regarde en disant ‘..ha putain quand même…’ et d’un coup l’air devient glacial et tu te chopes une bronchite et le clan des dépressifs te fait comprendre que t’es différente et qu’on aime pas trop les gens comme toi par ici.

Vous savez, la schizophrénie a une sale image en dehors de l’hôpital mais en dedans aussi, faut le dire. il y a une hiérarchie même en hôpital psy. Oui oui. Et les schizophrènes c’est évidemment la crasse.

Au final, comme solution j’ai trouvé le web. Les blogs, même si c’est surfait et bidon, restent une solution temporaire pour garder un pseudo-contact avec le monde.
Pour d’autres solutions, ça se fera sûrement naturellement. Pour le moment rien que ce blog c’est déjà ça de pris 🙂

 

Travailler quand on est schizophrène

Encore hier je me demandais quel travail je pourrais bien faire.

Le psychiatre a émis une liste de critères à respecter, adaptés à ma situation :

  • Pas un emploi stressant
  • Pas de responsabilités
  • Un temps partiel
  • De préférence pas de délais ou échéances à suivre
  • Pas trop de contacts sociaux
  • Pas devoir faire preuve de vitesse ou réactivité
  • Pas loin de chez moi pour pas que je me perde

Et on me demande pourquoi je bosse pas?  Parce que je cherche tjs ce job miraculeux qui pourrait me permettre d’avoir une vie active sans faire exploser la maladie.

Le mot ‘paresse’ est utilisé à tout va et c’est lourd. Voici un dessin maladroit pour illustrer pourquoi la paresse n’a rien à faire là dedans.

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Mais évidemment la case maison engendre le perpétuel ‘elle ne travaille pas parce qu’elle est paresseuse, comme si ce n’était pas fatigant pour nous aussi‘.

Et c’est reparti pour un tour.

Ta gueule Boris.

Pas une bonne journée. Symptômes dans tous les sens.

Le flou intégral,  tout semble disparaitre dans un nuage de fumée opaque autour de moi, et puis je me suis retrouvée nez à nez avec.. Boris.
J’ai hurlé. Ben oui.

Mais qui est donc Boris?

Boris, je lui attribue la cause de tous mes soucis.
Il fait partie de mes hallucinations les plus fréquentes. Une grande silhouette noire immense avec un très grand chapeau. Il me regarde toujours fixemment de loin, c’est son truc. Souvent en soirée. Parfois il a la tête penchée de côté.

J’avoue qu’à chaque fois je m’effraie et je perds 10 ans de ma vie.
Parfois je ne le vois pas mais je l’entends rire ou me parler. Et j’ai juste envie de lui dire de la boucler.